La France dénombrait 450 000 exploitants agricoles en 2020. Ils étaient encore 515 000 dix ans plus tôt.
Entre crise des vocations et départs en retraite non compensés, faiblesse des revenus et concurrence accrue de l’étranger, l’avenir de la profession s’annonce bien sombre. Mais tout n’est pas négatif pour autant…
A l’origine, nourrir la population
Connu au cours des siècles passés sous les appellations de fermier ou paysan, l’agriculteur à son compte, en tant que chef d’exploitation est vu, jusqu’au début des années 1980, presque exclusivement sous l’angle du producteur brut.
L’aspect quantitatif, les volumes priment sur la qualité. Les notions de durabilité, préservation de l’environnement et responsabilité sociétale passant au second plan.
Primes et subventions diverses étaient accordées dans ce but, notamment celles venant au plus haut niveau des instances européennes, dans le cadre de la PAC (politique agricole commune). Il fallait éviter les pénuries en assurant une forme d’autosuffisance alimentaire, avec exportation des surplus.
Ceci était surtout vrai pour les productions traditionnelles telles que céréaliculture (blé, maïs…), betteraves, pommes de terre, élevages laitiers et bovins…, opérés de façon intensive.
Puis on a pris conscience des dégâts parfois irréversibles infligés sur le milieu naturel, par l’abus de produits phytosanitaires, engrais et pesticides, de plus en plus agressifs.
Cette surproduction de masse engendrait par ailleurs des gaspillages colossaux. Les denrées les plus périssables saturant certains marchés locaux, et ne pouvant être expédiées au loin pour des raisons logistiques.
L’évolution des goûts du consommateur a achevé cette mutation. Il s’agit dorénavant de produire de façon ciblée, raisonnée, avec des matières premières de qualité. Issues du terroir à un coût assurant revenu décent, à l’exploitant et sa famille.
De l’alimentation aux soins, première évolution notable
Cette nouvelle demande du public envers des produits plus sains se traduit par l’essor du « bio », qui a d’abord touché l’univers des fruits et légumes… bien aidé en cela par les campagnes promotionnelles des autorités françaises, en vue d’accroître leur consommation, et l’émergence du mode de vie végan !
Certaines variétés délaissées car souffrant d’une mauvaise image, associées à des périodes de disette telle le topinambour, ont aussi été remises à l’honneur à cette occasion.
D’autres productions plus haut de gamme, comme le miel ou encore le vin ont suivi. Il n’est que de voir le nombre de jeunes exploitants venus de la ville, parfois sans aucune expérience du monde agricole, ou des individus plus âgés en reconversion, s’installer à la campagne comme apiculteur ou vigneron…
Certains produits encore plus de « niche » ou typiquement d’un terroir restreint, ainsi l’héliciculture ou élevage d’escargots, sont aussi concernés !
La dernière tendance en la matière est celle des plantes aromatiques ou médicinales, tentant de ressusciter les mythes passés. Recettes de grand mère à l’efficacité avérée ou non, ayant retrouvé une seconde jeunesse… aromathérapie, c’est-à-dire l’art de soigner par les huiles essentielles et phytothérapie ont, plus que jamais, le vent en poupe !
Préserver et valoriser les territoires ruraux, ultime étape
Chef d’entreprise, comptable et gestionnaire en plus d’être mécanicien pour entretien et réparations courantes de son matériel, parfois éleveur, l’agriculteur contemporain et de demain est plus que jamais un homme de la terre.
Ses responsabilités sont toujours aussi fortes, on lui demande en outre de porter un soin tout particulier à son environnement, par l’usage maîtrisé des produits phytosanitaires !
Mais les temps sont durs et les revenus, irréguliers, parfois loin des espoirs placés et du temps consacré à l’activité. Un travail laborieux pouvant méconnaître le répit des saisons.
Alors le professionnel, s’il lui reste le temps et l’envie, se lance dans une nouvelle aventure : ouverture d’un gîte rural ou chambres d’hôtes, accueil pédagogique à la ferme pour les scolaires, petit musée privé des métiers de l’artisanat, élevage équestre avec balades et location de bêtes/pension à la clé…