Le système agricole français a considérablement évolué au cours de ces 60 dernières années, notamment sous l’influence de la politique agricole commune (PAC). Cette dernière a été mise en place en 1962 pour promouvoir l’agriculture et assurer l’autosuffisance alimentaire. Cela a conduit à l’industrialisation de l’agriculture et au renforcement du libéralisme. Un fossé s’est creusé et, depuis, un sentiment croissant de perte de confiance envers les agriculteurs français s’est installé. Découvrez ici les facteurs qui interprètent la mauvaise situation économique dans laquelle se retrouvent les agriculteurs.
Le modèle agricole français mis sous tutelle européenne
La réduction de l’emploi agricole et l’agrandissement des exploitations ont caractérisé les grandes mutations de l’agriculture française depuis les années 1950. C’est aussi le cas de la motorisation et l’utilisation des engrais ou des produits phytosanitaires. Après la guerre, afin d’assurer le développement de la production agricole, l’agriculture française est placée sous contrôle européen avec la création de la PAC (Politique agricole commune) en 1962. La France est donc un grand bénéficiaire de l’UE avec un budget annuel de 9 milliards d’euros. Ce montant augmente d’année en année malgré les grandes disparités de revenus entre les exploitations.
Les contraintes économiques des agriculteurs français
L’agriculture d’aujourd’hui n’est pas la même que celle d’hier. Le monde agricole français qui est devenu minoritaire, voire marginal, eu égard de son modèle complètement bouleversé. La concurrence accrue de ses voisins européens a considérablement affaibli la situation de l’agriculture en France. Selon une étude réalisée par l’INSEE, la part des importations alimentaires a doublé depuis 2000, au point qu’aujourd’hui on estime que les Français importent 20 % de leur alimentation de l’étranger.
Depuis plusieurs années, la France mène une politique basée sur le pouvoir d’achat des consommateurs, les habituant à acheter le moins cher possible. Quand on sait que le coût horaire en Pologne est quatre fois moins cher qu’en France, malgré des spécifications environnementales et sanitaires légères, la concurrence est rude. Faute de rentabilité, la France a donc naturellement mis de côté un éventail parfois mythique de cultures. Pour compenser cette concurrence, de nombreux agriculteurs français ont commencé à se disputer les bénéfices et à rechercher davantage d’espace. Cela les a obligés à investir massivement dans des machines capables de répondre à leurs nouveaux besoins.
Les conséquences de ses contraintes économiques sur la situation de vie des agriculteurs français
En conséquence, le monde agricole français connaît aujourd’hui une crise économique et sociale. En plus de la pression sur les bénéfices liés aux changements de production, les agriculteurs doivent également faire face à une pression morale sans précédent. Depuis plusieurs années, les consommateurs remettent en cause l’agriculture conventionnelle basée sur la pétrochimie au profit d’une agriculture biologique respectueuse de la vie. “L’agribashing” ou le dénigrement de l’agriculture conventionnelle est devenu un phénomène répandu qui sape la confiance dans les agriculteurs. Ces derniers sont exposés à plusieurs facteurs désormais :
- la précarité des conditions de vie ;
- la concurrence croissante ;
- la solitude ;
- les difficultés économiques.
Ces facteurs font que le taux de suicide chez les agriculteurs est alarmant. Chaque jour en France, un agriculteur met fin à sa vie. En effet, les difficultés économiques, l’endettement et la perte de compétitivité les poussent chaque jour dans la précarité. C’est un constat alarmant qui cristallise la situation agricole et met en péril leur souveraineté alimentaire.